Utopies estivales : sur les rails en 2038 (épisode 4/5)
Utopies estivales : imaginons les territoires de demain
À l’occasion de ses 15 ans et lors de son événement « La coopération au service de la transition écologique des territoires » (12 décembre 2023), eurêka 21 a invité l’ensemble des participants à se projeter dans le monde de demain.
L’idée ? Imaginer, en sous-groupes, un territoire dystopique en 2038, soumis à des aléas climatiques puis proposer des solutions basées sur la coopération pour faire de ces territoires une utopie désirable pour toutes et tous.
Dystopie : « Mon Train de Vie à +4° »
Je suis Peter, 49 ans, fonctionnaire Européen autrichien, n’ayant pas trouvé de logement à Bruxelles à cause de la pression démographique des réfugiés climatiques flamands (la côte se trouve désormais à la Gare du Midi). Les loyers sont si élevés, que j’habite désormais dans le train qui relie quotidiennement Bruxelles et Strasbourg. Ma vie désormais est d’être confronté aux multiples retards liés aux inondations en périphérie urbaine, aux éboulements liés aux aléas climatiques, aux blackouts énergétiques liés aux différences de réseaux électriques nationaux, et j’en passe…
Les trains de nuit sont plus nombreux depuis la fusion entre SNCF et LVMH (mais la SNCF en reste la branche low-cost – qui n’est pas éligible aux aides européennes depuis l’adoption de la nouvelle directive concurrence climatique de 2025 – renseignez-vous !). Ils sont donc régulièrement impactés par des attaques de PMTC (Punaises et Moustiques Tigres de Couchettes) plus fréquentes lors des pics de chaleur humides récurrents, dûs au non-respect du +2° (enterré à la COP 28) et amplifiés par les défaillances techniques des VMC embarquées.
Vivement Novembre, je pourrai enfin aller me délasser sur les rives du Danube pour Vienne Plage 2038.
L’utopie : « Les Ardennes à la Rescousse »
Je suis Peter et je travaille à la DG Regio et supervise le programme Interreg. J’ai notamment permis d’initier, dans la programmation 2021-2027, une série d’études plus poussées sur la montée des eaux sur le littoral mer du Nord afin de mieux étudier les solutions envisageables pour retarder le phénomène.
Par ailleurs, j’ai approché l’autorité de gestion d’Interreg Grande Région (Luxembourg, Belgique wallonne, Rhénanie-Palatinat, Sarre et Grand-Est) afin d’étudier des solutions d’adaptation au regard des mouvements de populations prévisibles suite à la montée des eaux sur le littoral.
Ces études avancées ont permis d’identifier des solutions intégrées dans la programmation européenne 2028-2034 (FEDER, Interreg). Parmi celles-ci :
- Sur les littoraux :
- La coopération sur les infrastructures : canalisations, digues, poldérisation,
- Une gestion concertée des flux d’eau
- Une expérimentation sur les habitats flottants
- Zone de montagne (Grande Région) :
- Revitalisation des habitats, villages et villes sur l’axe Bruxelles-Strasbourg, désertés par l’exode rural au début des années 2000 afin d’offrir des solutions de relogement pour les réfugiés climatiques et les personnes, comme Peter, qui habitent dans le train…
- Développement économique de ces zones privilégiant les circuits locaux
- Dimension sociale : accompagnement des familles concernées par les migrations climatiques
- Au plan transversal :
- Programmes de préparation des populations aux situations d’urgence : stockage de nourriture, information en direct en cas d’alerte sur la montée des eaux
- Mobilisation citoyenne pour aider à la reconstruction
- Mise en place d’une gouvernance interrégionale sur la question des migrants climatiques
- Mise en place d’un plaidoyer des territoires impactés pour représenter leur point de vue aux COP31 et suivantes
- Action de concertation avec les pays du Sud concernés depuis la fin des années 20 par la question des submersions marines
Remerciements : merci aux participants qui ont élaboré ces histoires à l’occasion du colloque « La coopération au service de la transition écologique des territoires » le 12 décembre 2023, à la Maison de l’Europe de Paris.