Atténuation et adaptation au changement climatique : une réunion au sommet… Des Pyrénées !

#montagne octobre 2025 5 min de lecture
© Artur Staszewski, CC BY-SA 2.0

Si les espaces montagneux sont particulièrement vulnérables aux risques naturels, le changement climatique en cours accroît cette sensibilité. Afin de trouver des clés pour prévenir et mieux gérer ces risques naturels, 11 partenaires français, espagnols et portugais (OPCC-CTP, CREAF, Neiker, CESEFOR, IPB, CIMO, ONF, FORESPIR, CEREMA, Andorra Recerca Innovacio et CIMRL) se sont réunis autour du projet INTERREG SUDOE Montclima. Entre l’été 2019 et décembre 2021, les partenaires ont ainsi coopéré pour définir un cadre stratégique transnational commun à ces montagnes de l’espace géographique du sud-ouest européen.

Les effets des catastrophes naturelles dans les zones montagneuses sont multiples : d’abord environnementaux, ils impactent également le développement socio-économique des territoires. La région transfrontalière qui abrite la chaîne de montagne des Pyrénées est l’une des plus touchées au monde par quatre phénomènes d’ampleur qui s’auto-alimentent : les incendies, les sécheresses, les inondations et l’érosion. En effet, les rivières pyrénéennes perdront 15% de leur débit d’ici 2040[1], généralisant ainsi les épisodes de sécheresse qui peuvent aussi entraîner des incendies. La mauvaise gestion de ceux-ci entraîne la disparition à grande vitesse du couvert végétal (forêts), accentuant le phénomène d’érosion. L’eau de pluie pénètre alors moins bien dans les sols et ruisselle dans la vallée, causant des crues de plus en plus fréquentes.

En réponse à ces enjeux systémiques, les partenaires du projet Montclima ont, durant trois ans, proposé des solutions concrètes ainsi qu’un cadre stratégique transnational commun.

Les partenaires ont tout d’abord alimenté une base de données de bonnes pratiques déjà existantes dans l’OPCC pour aider à atténuer ou s’adapter aux risques naturels dans la région transfrontalière. 5 pratiques parmi les 27 repérées ont ensuite été sélectionnées et ont fait l’objet d’entretiens et de visites de terrain pour mieux les analyser. Le projet portugais « Forland », autour de l’hydro-géomorphologie, a par exemple fait l’objet d’une fiche bonne pratique. Cette science émergente étudie les liens entre l’hydrologie de surface et sous la surface, les processus d’érosion et le transport de sédiments. Le projet se concentre sur l’élaboration d’une base de données et la conception d’un profil de risques personnalisé pour des municipalités, afin de leur proposer un appui personnalisé leur permettant de mieux s’adapter aux risques naturels.

Au cours des deux années du projet, les partenaires ont également rédigé 6 plans d’actions concrets qui ont été expérimentés sur 7 cas pilotes. Parmi ces cas pilotes s’impose celui de Montnegre-Corredor en Catalogne (Espagne). Ce parc naturel abrite une forêt de chênes verts qui est aujourd’hui extrêmement vulnérable aux incendies, notamment à cause d’une faible gestion forestière et du changement des conditions climatiques. L’objectif de l’expérimentation était de mettre en place des Points de Gestion Stratégique, c’est-à-dire des zones ayant un emplacement clé pour lutter contre les grands incendies et faciliter le travail des pompiers. Le couvert végétal a donc été rompu dans des parties de la forêt pour stopper la progression des incendies. Ces actions ont permis au reste du massif de se renforcer et se sont révélées efficaces dans les simulations d’incendies qui ont été menées.

Enfin, ce projet de coopération a permis aux partenaires d’élaborer un cadre stratégique transnational commun pour la gestion des risques. Ce document clé a pour ambition de favoriser une meilleure compréhension des risques par l’ensemble des acteurs et de réduire la vulnérabilité des territoires à ces risques. Ce cadre stratégique tire ses recommandations de sources concrètes puisqu’il repose sur la capitalisation des bonnes pratiques et les expérimentations effectuées dans les territoires de la région transfrontalière.

Ce projet, qui s’est terminé en 2021, a permis de poser une base théorique commune à tous les acteurs d’une région transnationale mais aux enjeux communs, en la complétant par une expérience terrain qui se révèle précieuse encore aujourd’hui : les expériences menées sur les cas pilotes inspirent la mise en place d’autres pratiques dans la zone. Celles-ci contribuent à réduire la vulnérabilité des espaces montagneux et de ses populations au changement climatique et à ses interactions avec d’autres risques naturels.

[1] PIRAGUA : une diminution du débit des rivières des Pyrénées jusqu’à 15% d’ici 2040, 8 décembre 2023 (https://www.brgm.fr/fr/reference-projet-acheve/piragua-diminution-debit-rivieres-pyrenees-jusqu-15-ici-2040)