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Gastronomie, solidarités féminines et coopération européenne

Le Périgord Vert et le Pélion sont des territoires aux multiples ressemblances : milieu rural, fragilisé par l’éloignement de la ville, marqué par une forte identité culturelle. Ce projet Leader+ cherche à mettre en valeur le patrimoine gastronomique des deux territoires, axe essentiel de leur attractivité touristique, tout en favorisant l’insertion des femmes en milieu rural. Traduction concrète ? Femmes grecques et françaises rassemblent leurs savoir-faire culinaires sur un projet commun de transformation et de vente des produits locaux.



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Groupe franco grec, Périgord Vert

Expositions de produits dans les deux pays, stages culinaires, concours gastronomiques, échanges culturels et partages d’expériences… Ces initiatives solidaires ne manquent pas de convivialité. Valérie Vallès et Dimitris Tsopanoudis, animateurs respectifs des programmes Leader+ du Périgord Vert et du Pélion, reviennent sur les moments forts de leur coopération.

Eurêka 21 : Quelle est l’origine du partenariat ?

Dimitris Tsopanoudis, Pélion (Grèce) : Le partenariat s’est construit dans le temps. Il y a environ quinze ans, un jumelage s’est créé entre les villes de Varaignes et Makrinitsa dans le Pélion. Nous étions confrontés à un chômage élevé des femmes. Dans le cadre du précédent programme Leader II, nous avons accompagné ces femmes dans la création de coopératives agro-touristiques. C’est un projet collectif où les femmes s’associent dans la transformation, la valorisation et la vente de produits locaux. Cette expérience a beaucoup intéressé le Périgord Vert. Nous avons décidé d’engager une coopération Leader+ sur ce thème spécifique des coopératives féminines. La coopération a pris place de 2005 à 2008.

Valérie Vallès, Périgord Vert : C’est une question de volonté et de personnes ressources comme d’habitude. Nous avons la chance d’avoir un collègue du Conseil général, originaire de Makrinitsa, et impliqué dans le développement territorial. Le Périgord Vert connaît aussi un problème de chômage des femmes, et la gastronomie est un élément important de notre territoire. Le voyage d’étude au Pélion entrepris dans le cadre de Leader II nous a permis de bâtir notre stratégie Leader+. Nous avons voulu engager une démarche collective plutôt qu’un système d’aides individuelles.

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Signature de l’accord de partenariat. Arrière plan : Valérie Valles et Dimitris Tsopanoudis. Premier plan : Présidents Leader Pélion (Stamatios Vakoulas) et Périgord Vert (Michel Debet)

E21 : L’avantage de la coopération transnationale ?

DT : L’échange des savoir-faire et des pratiques entre les femmes des deux régions. Les rencontres entre Grecques et Françaises ont été des moments forts. Nous garderons un très bon souvenir de l’accueil et des réactions du public français lors des expositions de produits grecs. Cela nous a permis de valoriser nos produits et le travail accompli par les femmes des coopératives.

VV : Le partenariat avec des femmes grecques a permis aux restauratrices et agricultrices françaises de s’évaluer, d’acquérir de nouveaux savoir-faire. Les femmes grecques ont de véritables compétences marketing, les produits étaient très bien mis en valeur. Elles savaient s’organiser pour obtenir une production de masse, tandis que nous restions dans des logiques individuelles qui ne nous permettaient pas d’avoir la même force de frappe. Nous avons beaucoup appris sur ce plan. Cette expérience de coopération transnationale permet au Périgord Vert de se distinguer des autres territoires. Car tous les projets Leader+ ne sont pas transnationaux. Une expérience de coopération européenne valorise notre territoire et lui confère une visibilité.

E21 : Les difficultés rencontrées ?

DT : Pour nous, le principal problème est la différence de langue et les difficultés de communication que cela entraine. Si les partenaires et les acteurs du projet ne parlent pas de langue commune, il est très important de prévoir un traducteur.

VV : La plus grande difficulté a été locale. La répartition des rôles et la coordination entre le CPIE, la chambre d’agriculture et le GAL n’étaient pas suffisamment définies. Cette situation a entrainé un manque d’efficacité en terme d’animation du projet. Le CPIE avait une trésorerie limitée et peu de moyens. Cela explique peut-être pourquoi nous n’avons pas réussi à lancer une démarche collective sur le modèle de la Grèce. Notre groupe de femmes ne s’est pas pérennisé en tant que tel. Ce n’est pas facile, car le Périgord Vert est un territoire très étendu et peu peuplé. Les femmes habitent souvent loin les unes des autres, ce qui n’est pas propice à un projet collectif. Malgré tout, cette coopération a été très riche. Plusieurs projets individuels sont nés de cette coopération. Une agricultrice a lancé son atelier de transformation à domicile, une autre a ouvert une boutique collective avec ses voisins agriculteurs. Un nouveau projet Leader « Au fil des fermes » a pour objectif de faire la promotion commune des produits de chacune. Petit à petit, on glisse vers une démarche collective.

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Groupe franco grec, Périgord Vert

E21 : Vos recommandations ?

DT : Il doit y avoir des ressemblances entre les deux territoires. Des affinités culturelles fortes permettent au projet de bien se dérouler.

VV : Lorsqu’on choisit son partenaire, il faut s’assurer qu’il ait bien les moyens de réaliser les actions définies en commun. Sinon, c’est très frustrant pour tout le monde. Il faut partir du principe que nous sommes différents, et être prêts à l’accepter. Avec nos partenaires grecs, nous n’étions pas sur les mêmes temps : il y a chez eux des périodes de creux puis d’accélérations, tandis que nous avons un rythme plus « constant ». Par exemple, les Grecs nous ont prévenu de leur arrivée un mois à l’avance. Nous nous sommes un peu sentis au pied du mur, mais finalement nous avons réussi à nous organiser plus vite que prévu. Il faut savoir s’adapter et éviter les conflits. Ce fut un bon exercice de réactivité.

E21 : Les trois mots de la fin ?

VV : Volonté. Organisation. Ouverture d’esprit.

DT : Collaboration. Amitié. Passion.

Propos recueillis le 15 juin 2009 par Zita Tugayé, Eurêka 21

Pour en savoir plus :
La fiche d’expérience du projet
Publication du projet

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