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NewBees : Les réfugiés et les associations font la paire – L’INTERVIEW

« Newbie » : personne débutante ou venant d’arriver dans un pays, dans une communauté, telle est la définition de ce terme. Mais NewBees c’est aussi une organisation néerlandaise aidant les réfugiés à trouver un stage ou un volontariat aux Pays-Bas. Les réfugiés construisent ainsi un réseau local d’entraide et s’intègrent dans leur nouveau pays. Pour NewBees, les réfugiés sont un véritable atout pour le pays d’accueil, qui pourra bénéficier de l’expérience et de la motivation des nouveaux arrivants. Annemiek Dresen, fondatrice et directrice de NewBees, revient pour Eurêka 21 sur ce projet innovant.



EUREKA 21 : Pouvez-vous nous présenter NewBees en quelques mots ?

ANNEMIEK DRESEN : NewBees est une organisation néerlandaise mettant en relation des réfugiés et des organisations proposant des stages et volontariats. J’ai fondé NewBees avec Mireille Goos et Andrew Trythall au mois de février 2016. Je revenais de Lesbos (Grèce), où j’avais eu l’occasion de rencontrer de nombreux réfugiés. Leur volonté de démarrer une nouvelle vie et de participer activement à la vie économique de leur pays d’accueil m’a frappée. Toutefois dans de nombreux pays européens, les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler. Nous avons alors eu l’idée de proposer aux réfugiés des volontariats et des stages pour qu’ils puissent développer pleinement leurs compétences et contribuer à la richesse de notre pays.

E21 : En quoi consiste l’action menée par NewBees ?

A. D. Le volontariat peut être un premier pas vers le travail salarié et un moyen, pour les réfugiés, de se familiariser avec la société néerlandaise, de rencontrer de nouvelles personnes et de pratiquer la langue. Le volontariat permet également aux réfugiés de développer leur compétences et d’en acquérir de nouvelles, pouvant leur servir lorsqu’ils chercheront un travail stable et rémunéré.

Les réfugiés arrivant au Pays-Bas et souhaitant rejoindre NewBees s’inscrivent sur le site web du projet ; ils sont ensuite reçus par l’équipe de NewBees lors d’un entretien afin d’en apprendre plus sur le réfugié, de déterminer quel est son niveau de néerlandais et/ou d’anglais, ses centres d’intérêts… NewBees s’occupe ensuite de trouver un stage correspondant au profil du réfugié. L’organisation est en contact avec plusieurs autres organisations susceptibles de proposer des offres de bénévolat, des stages et mêmes des emplois. Une fois que le réfugié a rejoint l’organisme d’accueil, NewBees le suit et l’accompagne dans cette aventure. L’objectif est que l’expérience soit bénéfique à la fois pour le réfugié et pour l’organisme d’accueil. En cas de problème, NewBees peut faire office d’intermédiaire. A la fin de la période de stage ou de volontariat, NewBees fournit un certificat aux participants attestant de leur participation, du nombre d’heures travaillées et des compétences acquises afin de valoriser leur expérience.

E21 : Comment mettez-vous en contact les réfugiés et leurs futurs employeurs ?

A. D. Nous connaissons plusieurs organismes susceptibles de proposer des stages et des volontariats à nos réfugiés. Nous utilisons également les technologies numériques pour accélérer le processus de « matching » entre les réfugiés et les organismes d’accueil. Par exemple, nous collaborons avec l’entreprise FONK Amsterdam qui s’intéresse au lien existant entre outils numériques et amélioration des liens sociaux. Nous avons mis en place un système numérique et une plateforme web disponibles dans plusieurs langues, dont l’arabe, permettant aux réfugiés de s’inscrire et de les mettre en relation avec les organismes d’accueil.

E21 : Comment se déroulent les stages/périodes de volontariat ?

A. D. De nombreux organismes et entreprises situés dans la région du Zaanstreek et d’Amsterdam recherchent des volontaires ou des stagiaires. Les stagiaires travaillent par exemple dans un atelier de réparation de vélo dans la ville de Zaandam. Pour le suivi des participants en stage, nous organisons une réunion une fois par mois. Ces réunions sont l’occasion pour les réfugiés de partager leur ressenti, de soulever les difficultés auxquelles ils doivent faire face, mais aussi de mettre en lumière les points positifs du stage. Ces réunions permettent également de s’assurer de la participation effective et régulière des réfugiés à leur mission de volontariat.

E21 : Avez-vous rencontré des difficultés ? Si oui, comment les avez-vous surmontées ?

A. D. Il est important de bien prendre en compte les différences culturelles : se lever le matin, l’heure du déjeuner… ce sont de « petites choses », mais qui sont en réalité très importantes pour que la période de stage se déroule dans les meilleures conditions. Certaines organisations sont parfois réticentes à accueillir des réfugiés. Une solution est d’être présent lors de la rencontre entre l’organisation accueillante et le réfugié. Toutefois, une fois que les organisations ont franchi le pas, elles nous indiquent être généralement très satisfaites du travail effectué par les réfugiés. E21 : Quels sont les premiers résultats de NewBees ?

A. D. NewBees a mis en contact 60 personnes en 2016 et nous en sommes déjà à 100 personnes pour l’année 2017 ! Pour le moment, les migrants accèdent principalement à des emplois bénévoles, notre objectif est qu’ils parviennent progressivement au salariat. Cela doit se faire progressivement, à leur arrivée, les réfugiés étant souvent très occupés : ils accomplissent des démarches administratives ou prennent des cours de néerlandais plusieurs fois par semaine par exemple. Il est donc parfois difficile pour eux d’effectuer une activité à temps plein, voire même à temps partiel.

E21 : Quelles sont vos relations avec la communauté locale ?

A. D. NewBees est en relation avec de nombreuses organisations comme par exemple Amsterdam Cares, avec laquelle elle travaille sur un nouveau concept : offrir des opportunités de volontariat aux réfugiés mais aussi aux néerlandais, qui pourront ainsi travailler ensemble et apprendre à mieux se connaître. C’est un moyen pour les réfugiés de se familiariser avec la culture et la langue néerlandaise, mais aussi pour les néerlandais de mieux connaître ces nouveaux habitants cherchant avant tout à s’intégrer.

E21 : Quels sont les trois conseils que vous donneriez à d’autres organisations souhaitant mettre en place un projet similaire ?

A. D. N’essayez pas de travailler seul, on ne collabore jamais assez dans ce domaine ; intéressez-vous aux migrants, de la même manière qu’on leur demande de s’intéresser à notre culture ; prenez en compte la différence, les migrants ne forment pas un seul et même groupe homogène, ils sont tous très différents.

E21 : Quelles sont les trois expressions qui résument NewBees pour vous ?

A. D. « Donner une place aux migrants dans notre société » (Give a place to migrants in our society) « Des partenariats qui ont du sens » (Matches that matter) « Les personnes avant tout » (it’s all about people)

© (photos) NewBees

Le site web du projet : New-bees

Interview réalisée en juin 2017 par Cécilia Dumesnil, pour Eurêka 21

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