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Les article sur le développement durable

Les collectivités locales face à la crise - Dossier thématique

En France, les collectivités locales assurent 70% de l’investissement public. La crise économique est mondiale mais touche fortement les économies locales : augmentation du taux de chômage, entreprises en difficultés, etc. Disposant de budgets représentant autour de 10% du Produit Intérieur Brut et assurant 70% de l’investissement public, les collectivités locales ont un rôle important à jouer. Comment peuvent-elles amortir les effets de la crise pour les populations et accompagner les mutations économiques en cours ? Depuis plusieurs années, elles mettent en place des initiatives pilotes pour atténuer les effets de la crise, soutenir leur tissu industriel, favoriser l’émergence de nouveaux secteurs économiques ou accompagner les plus en difficulté.



Favoriser la création de nouvelles activités économiques en soutenant l’entrepreneuriat

Tallinn – Favoriser l’émergence d’entreprises innovantes Dans un pays ayant fortement besoin de développer son tissu de PME après 51 ans de régime soviétique, le Programme Start-up permet aux nouveaux entrepreneurs estoniens de disposer d’un capital de démarrage. Il vise deux grands objectifs : encourager les forces vives à créer leur propre entreprise et augmenter le nombre d’entreprises ayant un potentiel de croissance et particulièrement celles visant l’exportation ou utilisant des technologies innovantes. En 2004, première année d’opération du programme, Entreprise Estonia, l’agence d’appui aux entreprises et aux investissements étrangers en Estonie, a reçu 667 candidatures et a financé 188 projets. Ce succès a encouragé l’agence à accroitre ses exigences et à diviser le programme en deux volets pour privilégier la qualité des dossiers, les nouvelles idées et les projets les plus innovants. Sur 188 entreprises ayant démarré avec une aide Start-up en 2004, 170, soit 90%, sont aujourd’hui encore en activité. En 2005, l’aide financière s’est accompagnée de 10 modules de formation couvrant tout le quotidien d’une petite entreprise. Une orientation qui se poursuit depuis avec des « Journées de l’Entreprise » organisées à travers tout le pays.

Région du Lazio – Soutenir l’entrepreneuriat des jeunes grâce aux « prêts d’honneur »

Les jeunes sans emploi et sans expérience professionnelle souhaitant créer leur propre entreprise ont souvent des difficultés à trouver le financement nécessaire à leur projet. Le Centre de l’Innovation en Entreprise du Lazio, situé à Rome, les aides en leur apportant à la fois le capital et l’expertise dont ils ont besoin. Les jeunes chômeurs bénéficient d’un « prêt d’honneur » et pouvant aller jusqu’à 30 000 euros. Chaque prêt est consenti par moitié à titre de subvention, tandis que l’autre moitié donne lieu à un remboursement assorti d’un taux d’intérêt de 2,5% par an. Pour bénéficier d’un prêt d’honneur, les candidats doivent tout d’abord rédiger un programme de développement et remplir les formulaires de demande prévus à cet effet. Le BIC Lazio assure ensuite le suivi et l’aide au développement des projets grâce à son réseau régional de centres d’assistance aux entreprises. Créé il y a cinq ans et demi, le projet a permis de concrétiser 1 288 initiatives d’activité indépendante dans la région. Les 27 millions d’euros alloués par le BIC Lazio ont permis de créer 1 600 emplois, soit un résultat très significatif compte tenu de la limite du budget alloué au programme.

Les PME au cœur de la reprise économique

Irlande du Nord – Lutter contre la délocalisation des entreprises

La Région du Nord-Est de l’Irlande a considérablement souffert du déclin des industries traditionnelles, et en particulier de celle du textile. Afin de relancer le tissu économique local, les instituts de recherche et d’enseignement des deux côtés de la frontière se sont alors regroupés au sein d’un réseau transfrontalier innovant. Réparti sur trois sites distincts dans deux villes différentes, le centre vise à soutenir l’activité économique locale en offrant la possibilité aux petites et moyennes entreprises d’investir dans la recherche et le développement. L’Epicentre offre effectivement aux entreprises l’opportunité de développer leurs prototypes à moindre coût tout en bénéficiant d’un soutien et d’une expertise à la fois technique et commerciale. Grâce à ce soutien sur-mesure, les entreprises de la région ont pu innover et développer de nouvelles activités créatrices de richesses. Ceci les a incité à revoir leur stratégie de développement et à embaucher. Bénéficiant d’un transfert technologique efficace et abordable, bon nombre d’entreprises qui envisageaient de délocaliser, ont décidé de rester dans la région afin de pouvoir bénéficier de l’expertise et du savoir-faire de l’Epicentre.

Retrouvez l’article et l’entretien de Fergus Begley, directeur de L’Epicentre sur www.eureka21.eu

Tolède - Offrir des infrastructures et des services sur-mesure aux entreprises

La région de la Castille – La Manche en Espagne comporte de vastes zones désertiques. Le tissu économique y est faible en raison de l’absence d’une main d’œuvre qualifiée et un manque d’investissement dans le secteur de la recherche et du développement. C’est pour répondre aux besoins des entreprises et favoriser la création d’emplois dans la province de Tolède qu’a été créé le Centre européen d’entreprise et d’innovation (CEEI) de Talavera de la Reina. Porté par un large partenariat public-privé (le Conseil des communautés de Castille, - La Manche, le Conseil municipal de Talavera de la Reina, l’Université de Castille – La Manche et la Chambre de commerce et d’industrie de Tolède), le centre soutient la création d’entreprises et le développement de PME existantes grâce à une gamme très variée de services : orientation administrative, formation à la gestion, aide marketing et commerciale, etc. Il accueille aussi les jeunes start-ups au sein d’une pépinière d’entreprises qui leur assure l’espace de travail et les services techniques, logistiques ou administratifs nécessaires à leur bon départ. Résultat : depuis sa création, le centre a prodigué conseil et assistance à quelque 350 porteurs de projet d’entreprise et a contribué à la concrétisation de plus de 80 projets.

L’économie de la connaissance : investir dans l’avenir

Glasgow – Le sport pour rendre leur autonomie aux personnes âgées

Les entreprises écossaises avaient des difficultés à exploiter les compétences mises à disposition par les universités et les universitaires étaient sceptiques quant à la valeur ajoutée d’une collaboration avec les entreprises. Tout ceci appartient désormais au passé depuis le succès retentissant du projet Dialogues visant à créer des relations entre ces deux mondes. Le projet Dialogues a rassemblé tous les acteurs clés du développement économique de la région : Scottish Enterprise, le conseil municipal, le secteur privé, le National Health Service (service de santé publique du Royaume-Uni) et la communauté des chercheurs. Il a aidé plus de 265 entreprises à développer leurs capacités de recherche et de développement, permettant la création d’une cinquantaine d’emplois. Quelques 1 600 nouveaux liens ont été créés entre l’université de Glasgow, les petites entreprises et les instituts de recherche afin de développer et tester de nouveaux procédés et produits industriels. Suite au succès de Dialogues, l’université de Glasgow a lancé l’Innovation Network afin d’augmenter l’engagement des entreprises écossaises dans l’innovation, le développement de produits et les nouvelles chaînes logistiques. Les entreprises peuvent accéder à des financements allant jusqu’à 5 700 euros pour des projets de R&D collaboratifs, donnant aux entreprises la possibilité de développer avec le milieu universitaire des partenariats solides.

Cardiff – Soutenir le transfert effectif des connaissances des instituts d’enseignement supérieur vers l’industrie

Comment stimuler l’économie de la connaissance ? Au Pays de Galles, le KEF a peut-être trouvé la solution en soutenant activement le transfert effectif des connaissances, compétences et idées des instituts d’enseignement supérieur vers l’industrie. L’organisme s’est ainsi attelé à accroitre le niveau de compétence des instituts d’enseignement gallois en matière d’entreprenariat et d’innovation. Pour ce faire, il a développé les capacités pédagogiques et consultatives des instituts, et a optimisé leur alignement sur les besoins de l’industrie. Résultat, en peu de temps, le KEF est devenu un catalyseur pour une série impressionnante de réalisations dans de nombreux secteurs tels que l’électronique, l’impression, le tourisme, l’informatique et la musique. Depuis sa mise en place en 2000, plus 340 bourses pour le démarrage d’une entreprise ont été accordées à des diplômés gallois, injectant plus de 12 millions d’euros dans l’économie régionale et créant plus de 500 emplois à plein temps.

Accroitre le capital humain en améliorant la qualification de la main d’œuvre

Ashfield – Favoriser l’employabilité dans une région touchée par le déclin industriel

En dispensant des formations correspondant aux besoins du marché de l’emploi local, le centre de formation d’Ashfield a trouvé le moyen de favoriser l’employabilité dans une région touchée par le déclin des industries du charbon et de la bonneterie. Travaillant main dans la main avec les employeurs, le centre cherche à combler de manière proactive les manques de qualifications par des formations professionnelles de haute qualité. Grâce aux partenariats développés avec les secteurs du commerce et de l’industrie, le centre de formation d’Ashfield a pu concevoir et développer des formations adaptées aux conditions de travail réelles. Résultat : depuis sa mise en place, le centre a contribué à la création d’une cinquantaine d’emplois, à la croissance et au développement d’une soixantaine d’entreprises ainsi qu’au développement des compétences de plus de 1 500 personnes. Grâce au centre de formation d’Ashfield, les étudiants au niveau local comme régional peuvent désormais aspirer à un avenir meilleur.

Nord-Pas-de-Calais – Faciliter la réinsertion professionnelle des personnes exclues du marché de l’emploi

« Job Rotation » est une méthode originale développée au Danemark dans les années 1990 afin de promouvoir et développer la formation des salariés ainsi que la qualification et l’insertion professionnelle. Elle consiste à développer le remplacement de salariés en formation par le recrutement temporaire de personnes sans emplois. Si la méthode ne débouche pas obligatoirement sur une réinsertion permanente des demandeurs d’emploi sur le marché du travail, elle leur permet néanmoins d’accroitre leurs qualifications et de rompre le cycle de l’inactivité. Parallèlement, elle permet aux petites et moyennes entreprises d’envoyer leurs salariés en formation sans rompre leur cycle d’activité. En 1997, la coopérative de conseil lilloise E2i est sollicitée par la région Nord-Pas-de-Calais afin de transférer la méthode danoise en France. « Job rotation » permet effectivement de répondre à deux problématiques auxquelles doit faire face l’économie française : un chômage de longue durée et une insuffisance de la formation continue.

Retrouvez l’article et l’entretien de Sophie Delebarre-Lorens, chargée de mission « Job Rotation » au sein de la coopérative de conseil lilloise E2i sur www.eureka21.eu

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