Nous sommes dans les années 80, Langenegg, comme de nombreuses autres communes rurales en Europe, est confronté à une diminution des emplois, à des équipements publics obsolètes, à une population travaillant pour sa majorité en dehors de la commune. Tout cela contribue à faire de cette commune un village dortoir.

Forte de ce constat, la Mairie s’engage dans une politique volontariste d’amélioration de la qualité de vie des habitants en faisant de la commune un espace de vie sociale, de développement économique et un modèle en matière environnemental.

Elle met d’abord en place un dispositif d’accueil de nouvelles entreprises en créant un accompagnement personnalisé sur la commune : facilités administratives, appui dans la recherche de locaux, outils de communication communs, aide à la recherche de financements… Les effets ne tardent pas à se faire ressentir : en quelques années, ce sont 30 entreprises, représentant 150 postes de travail qui sont créés sur la commune (entreprises, personnel médical, commerces…).

Langenegg ne s’arrête pas là : pour contribuer à l’amélioration de la qualité de vie, la commune crée une épicerie dans un bâtiment écologique. 4 personnes y travaillent et organisent des rencontres régulières avec les habitants. Plus qu’un commerce, cette épicerie est devenue aujourd’hui un véritable lieu de vie sociale pour le village. Les habitants y utilisent la monnaie locale, le Talent, pour régler leurs achats. Mais cette boutique n’afficherait pas 900 000 euros de chiffre d’affaires annuel si sa mise en place ne s’était pas accompagnée d’une sensibilisation et d’une responsabilisation des habitants à consommer « sur place ». Réunions publiques, fête de village, implication des jeunes dans le projet ont contribué à convaincre les habitants de consommer à l’épicerie et non plus au supermarché situé à une quinzaine de kilomètres.

Outre à l’épicerie, le Talent, la monnaie locale est aussi utilisée pour les subventions de la Mairie. C’est au total l’équivalent de plus de 100 000 euros qui circulent dans la commune et contribuent au développement économique du village et au maintien des entreprises. Sous forme de billets, cette monnaie locale est émise par la mairie : il faut environ 12 talent pour un euros.

En matière environnementale, la commune n’est pas en reste non plus… tous les bâtiments publics sont exemplaires en matière d’éco-construction et ont mobilisé les entreprises locales ; la mairie a acheté une voiture « partagée » qui affiche plus de 15 000 km par an au compteur ; elle distribue aussi des subventions aux particuliers pour l’installation de panneaux solaires, organise des réunions de sensibilisation avec les propriétaires et a créé une installation biomasse chauffant notamment les bâtiments publics de la commune. L’objectif est ambitieux : atteindre l’autonomie énergétique d’ici 2015. !

Environnement, développement économique et politique sociale… Langenegg n’a rien mis dé côté et démontre comment une petite commune rurale peut s’emparer des défis du développement durable.

Pour Eurêka 21, Séverine BRESSAUD dans le cadre de l’organisation et de l’animation du Voyage d’études « Le développement durable à toutes les échelles » pour le réseau rural Auvergne en novembre 2009

Pour plus d’informations sur ce voyage d’études :

• Solenne Corrand et Elsa Héliot, animatrices du réseau rural Auvergne répondent aux questions de Eurêka 21...
• Les articles de la Montagne